Le bref récit de la vision qu’Isaïe eut dans le Temple de Jérusalem, au temps de la mort du Roi Ozias, inspira profondément la manière dont Saint Jean Chrysostome conçut non seulement le lien du ciel et de la terre mais aussi le sens de la liturgie eucharistique qui revêtait alors une dimension cosmique et une dimension eschatologique. C’est du moins ce qui ressort de l’examen attentif de ses Homélies sur Ozias. On ne s’étonnera pas que la liturgie qui porte son nom et qui est encore célébrée aujourd’hui dans les Églises de rite byzantin est tout entière marquée par cette exégèse. Le culte que les Séraphins rendent à Dieu et qui jusqu’alors ne se déroulait incessamment que dans les Cieux, autrement dit dans la dimension spirituelle et angélique de la réalité créée, se manifeste, depuis l’avènement du Verbe de Dieu dans la chair, à même la matière du monde, dans la dimension sensible de la même réalité créée. Le chant séraphique du trisagion devient le point de convergence du ciel et de la terre, de la réalité invisible et de la réalité visible. Nous examinerons soigneusement la typologie de la vision d’Isaïe et sa transposition dans la compréhension que l’Église eut au IVe siècle de la nature et du sens de son propre rite.