L'oeuvre de Xavier Lacroix est traversée par une intuition simple : le corps exprime la vie personnelle, qui se révèle comme donnée à elle-même. En ce sens, XL partageait avec la théologie du corps de Jean-Paul II, avec l'ontologie de la personne de Bruaire ou avec la phénoménologie de Levinas et de Henry, ce même héritage à la fois phénoménologique, personnaliste et spirituel. Contrairement aux courants qui valorisent un corps seulement objet, XL considère que le corps n'est pas une réalité objectivable, extérieure au dynamisme intime de la personne. Entre le corps et la personne, il y a à la fois une profonde continuité mais aussi une forme d'écart possible, voire d'opacité, car le corps n'est pas toujours l'expression limpide de la vie personnelle. De cette situation paradoxale découle la possibilité d'une éthique des liens charnels référée à l'unité de la personne, qui ne soit pas d'abord un ensemble de règles ou de procédures, encore moins de compromis, mais la visée d'une profonde cohérence entre les gestes charnels et ce qu'ils signifient pour la personne tout entière, à savoir le don de soi et l'accueil du don de l'autre. Ainsi solidement enracinée dans une anthropologie fondamentale personnaliste, l'éthique qu'il a su développer, loin de se laisser emporter par le tourbillon des modes éphémères, épouse le dynamisme et le souffle de la vie personnelle incarnée.