1ères lignes : Les politiques publiques ont-elles un genre ? Celles qui tentent de lutter contre les inégalités entre les femmes et les hommes ont-elles une spécificité ? Plus généralement, qu’apporte l’étude des politiques publiques sous le prisme du genre ? Telles sont les questions principales des travaux se situant à la croisée des études sur le genre et de l’analyse des politiques publiques. Ceux-ci constituent un corpus déjà ancien, varié et particulièrement riche. Dès les années 1970 et 1980, les politistes vont se pencher, d’une part, sur l’influence des interventions étatiques sur les femmes et les rapports de pouvoir entre les sexes et, d’autre part, sur les mobilisations des femmes et des mouvements féministes face à ces interventions. La spécificité de ces travaux est cependant de se départir d’une approche « ajouter les femmes et remuer » (add women and stir), qui consiste à prendre en compte les « femmes » ou le « sexe » comme une variable d’analyse additionnelle. Il s’agit d’adopter une approche fondée sur l’utilisation de la notion de « genre » afin d’analyser les inégalités sexuées comme résultat de processus historiques, politiques et sociaux à déconstruire [Goertz et Mazur, 2008]. Une typologie récente permet de mettre en lumière la variété des travaux qui se penchent sur l’interaction entre genre et politiques publiques : le genre peut « tout à tour être utilisé comme […] variable, il peut définir l’objet, le terrain empirique, ou au contraire structurer, comme concept, une approche analytique qui porte sur un objet a priori “neutre” » [Jenson et Lépinard, 2009, p. 184].