La réflexion de Gérard Grunberg et Jérôme Jaffré sur la diversité des scénarios qui pourraient se développer à l’avenir montre bien toute la plasticité des institutions de la Cinquième République pouvant aller d’un présidentialisme digne des régimes présidentiels classiques (revendiqué aujourd’hui, par exemple, par l’ancien président François Hollande) à un parlementarisme de type primo-ministériel (vécu pendant les trois cohabitations de 1986 à 1988, de 1993 à 1995 et de 1997 à 2002) en passant par de multiples formes intermédiaires : « hyper-présidence » sarkozyste, « présidence jupitérienne » d’Emmanuel Macron, dualisme entre le président et son Premier ministre, comme cela fut le cas avec le tandem Valéry Giscard d’Estaing-Jacques Chirac de 1974 à 1976, autonomie primo-ministérielle limitée avec les cas de Jacques Chaban-Delmas sous la présidence Pompidou de 1969 à 1972 ou de Michel Rocard sous la présidence Mitterrand de 1988 à 1991... Pour rendre compte de cet étonnant polymorphisme institutionnel, Jean-François Sirinelli utilise, dans son dernier ouvrage, le concept de « physiologie politique » où la Cinquième République est comparée à un organisme vivant ayant la capacité remarquable de s’adapter aux modifications de son environnement.