Nationalisme, nation et religion : la trinité imparfaite
Résumé
Les théories de la modernisation qui ont longtemps dominé la compréhension de l’évolution des sociétés ont souvent vu la religion comme un fait social voué à un irrémédiable déclin avec le développement de sociétés modernes dans le cadre des États-nations. Une telle interprétation linéaire qui établit une séparation tranchée entre modernité (politique) et tradition (religieuse) évacue en réalité les rapports éminemment complexes entre fait national et fait religieux. Ces liens sont en effet très variables selon les temps et les lieux. À certains moments ils ont été fondés sur la tension et l’opposition, à d’autres, sur l’harmonie et la complémentarité ; à certains endroits, ils ont été placés sous le signe de l’antagonisme, à d’autres sous celui de l’alliance. Pour clarifier une situation passablement embrouillée, il convient de partir d’une distinction préalable entre émergence de la nation
comme catégorie historique et diffusion du nationalisme comme idéologie de mobilisation de la nation. Ces deux phénomènes se sont développés, à l’origine, en Europe occidentale, mais le premier a clairement précédé le second dans le temps.
Domaines
Science politique
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