L’anthropologue franco-iranienne Fariba Adelkhah a été arrêtée en Iran le 5 juin 2019 alors qu’elle menait ses recherches sur la société iranienne, et plus précisément à la fois sur les Afghans d’Iran et sur l’adaptation du droit musulman (fiqh) aux transformations sociales. Contrairement à Roland Marchal, arrêté le même jour, mais échangé le 20 mars 2020 contre un ingénieur iranien, Jalal Rohollahnejad, emprisonné en France sur la base d’un mandat d’arrêt international émis par les États-Unis et susceptible d’y être extradé, Fariba était toujours privée de liberté en juin 2022. Le 3 octobre 2020, après 17 mois d’emprisonnement à la prison d’Evin, Fariba avait été assignée à résidence sous strict contrôle judiciaire, avec port d’un bracelet électronique en permanence. Pendant ses 16 mois d’assignation à résidence, des gardes venaient la contrôler et lui faire signer un registre tous les jours. Elle ne pouvait se déplacer au-delà d’un rayon de 300 mètres autour de chez elle alors même que la justice lui avait accordé la totalité de la ville de Téhéran comme territoire de circulation. Elle n’avait le droit de voir personne d’autre que les membres de sa famille. L’ambassadeur et les autres membres de la représentation diplomatique française en Iran lui étaient – et lui sont toujours – interdits de contact malgré sa nationalité française : Fariba est binationale, mais les autorités iraniennes ne reconnaissent pas la double citoyenneté, notamment en matière de protection consulaire. Mais le 12 janvier 2022, elle a été réincarcérée sous des prétextes fallacieux et à l’encontre de toutes les procédures judiciaires : son avocat a pu montrer qu’elle n’avait pas contrevenu aux modalités de son contrôle judiciaire ; en revanche, la procédure habituelle en matière de violation des règles du contrôle judiciaire n’a pas été respectée, l’autorité en charge de celui-ci n’a en effet jamais demandé sa réincarcération qui a été le seul fait d’organes politiques, sans que l’on connaisse les parts respectives des considérations « diplomatiques » et de la rivalité entre les différents services de sécurité de la République islamique qui ont provoqué cette décision. Quoi qu’il en soit, la seule réalité qui vaille est l’injustice absolue de l’emprisonnement de Fariba Adelkhah dont l’unique tort est d’avoir exercé son métier de chercheuse en toute indépendance et en toute rigueur, de manière déontologiquement irréprochable.