La visite du pape Benoît XVI à Cuba en mars 2012 a été fortement commentée, tant sur l’île qu’en Floride et dans les médias internationaux. Cette visite a mobilisé une grande partie des Cubains, d’autant plus incités à assister aux messes données par le pape que leur salaire était maintenu malgré leur absence au travail. Enfin, cette visite a également généré beaucoup d’attentes chez les opposants politiques qui espéraient pouvoir rencontrer Benoît XVI et faire ainsi entendre leurs revendications. Pour mieux comprendre cette attention médiatique portée à la visite du pape ainsi que les enjeux qui y étaient attachés par divers acteurs sociaux et politiques, il est nécessaire de revenir sur une évolution politique de long terme – la politique d’infléchissement menée par le gouvernement socialiste cubain vis-à-vis de l’Église catholique depuis l’effondrement du monde communiste au tournant des années 1990 – et sur un événement historique – la visite du pape Jean-Paul II sur l’île en janvier 1998. La gestion de cette visite par les autorités cubaines éclaire par ailleurs la continuité des modes autoritaires de gouvernement à Cuba.