2012 marque définitivement la fin de la coalition entre le parti de gauche Front Farabundo Martí de libération nationale (Frente Farabundo Martí de Liberación Nacional, FMLN) et le parti de centre gauche Changement démocratique (Cambio Democrático, CD) qui avait porté Mauricio Funes au pouvoir en mars 2009. Toutefois, le chef d’État, qui revendique son indépendance idéologique, sait jouer avec la fluidité et l’imprévisibilité des alliances politiques pour assurer la gouvernabilité du pays. Le mouvement Los Amigos de Mauricio a été dissout pour être remplacé par Amigos por el Cambio, qui reproche au président ses changements bien trop timides. Ce mouvement s’est rapproché de CD qui se trouvait bien représenté au sein du gouvernement depuis l’entrée en fonction de Funes en juin 2009. Ce rapprochement a été avancé par le président pour justifier la démission des trois membres cédistes à la tête d’agences étatiques de premier ordre comme l’Institut salvadorien de la sécurité sociale (Instituto Salvadoreño del Seguro Social), la Loterie nationale (Lotería Nacional de Beneficencia), et le Fonds social pour le logement (Fondo Social para la Vivienda). Après le décès d’Héctor Silva en décembre 2011, président du Fonds d’investissement social pour le développement (Fondo de Inversión Social para el Desarrollo), la démission du ministre cédiste de l’Économie Héctor Dada Hirezi le 27 avril 2012, pour des raisons avouées de divergences avec le chef de l’État, a officiellement mis un terme à la collaboration gouvernementale entre Funes et CD. La mise à l’écart du FMLN est de plus en plus frappante. Déjà privé de postes à responsabilité économique en 2009, le FMLN s’est vu confisquer les rennes du secteur de la sécurité publique. Le remplacement de Manuel Melgar à la tête du ministère de la Sécurité publique en novembre 2011, de Franzi Hato Hasbún au poste de coordinateur du cabinet de la sécurité publique, de Carlos Ascencio à la direction de la police nationale civile et d’Eduardo Linares à la tête de l’agence de renseignement (Organismo de Inteligencia del Estado) en décembre 2011 ont écarté le FMLN des postes-clés du secteur de la sécurité publique. Le FMLN, qui dès 2010 songeait à entrer dans l’opposition, n’est donc pas vraiment un parti de gouvernement: il se contente désormais d’y participer et n’hésite pas à critiquer publiquement la gestion du président, notamment concernant sa politique économique. Le vice-président Salvador Sánchez Cerén a par exemple accusé Mauricio Funes de ne pas prendre en compte les intérêts du parti...