La Direction des ressources et de l’information scientifique de Sciences Po (DRIS) réunit dans une même direction la bibliothèque et les archives de l’institution. Elle est en contact avec les chercheurs soit en amont de leurs travaux de recherche et traitement de données soit en aval. Les relations en amont sont majoritairement l’affaire des bibliothécaires qui accompagnent les chercheurs face aux enjeux de l’open science et de l’open data, dans la construction de plans de gestion de données, de data papers ou bien encore dans la diffusion de leurs données dans l’entrepôt de données de Sciences Po ou dans d’autre entrepôts. Les archivistes travaillent également avec les chercheurs et en particulier ceux qui les sollicitent pour la conservation de leurs archives au moment de leur retraite ou après la fin d’une activité de recherche ou la conclusion d’un ou plusieurs terrains d’étude ou d’enquêtes. Le Département archives est aussi sollicité par les différents laboratoires et par l'École de la recherche de l’institution (équivalent des écoles doctorales à l’Université) quand ces derniers font face à des déménagements de bureaux ou à des décès de chercheurs. De ce fait, il accueille une pluralité d’archives scientifiques. Une particularité assez nette de ces dernières années, liée notamment à la création du Département archives et à son intégration à la DRIS, réside dans la collaboration de plus en plus rapprochée entre bibliothécaires et archivistes dans le cas de versement d’archives hybrides : la bibliothèque peut diffuser les données dans l’entrepôt de données et accompagner le chercheur dans cette démarche mais elle ne peut pas assurer la conservation et le traitement des données numériques, papiers ou analogiques, des compétences qui sont portées par le Département archives. En partant de cette configuration au sein de la DRIS et face aux évolutions de pratiques des chercheurs et les incitations, au niveau national et européen, au dépôt et à l’ouverture des données de recherche, nous aimerions poser la question de l’évolution de nos pratiques métiers entre archivistes et bibliothécaires et la collaboration croissante de plus en plus nécessaire et effective. Nous aimerions le faire en partant d’un constat que nous avons fait au fil des années. Pourquoi ce sont en SHS et notamment en science politique et en sociologie, que des enquêtes qualitatives nous sont proposées à l’archivage et à la diffusion ? Quels sont les enjeux à la fois techniques et éthiques que posent ce type de données et d’archives en matière d’archivage et de diffusion ? Comment les traiter avec les différentes normes et les outils-métiers utilisés aussi bien par les archivistes et par les bibliothécaires ? Comment rendre possible un accès qui permette de les consulter d’une manière unifiée et cohérente ? Archivistes, bibliothécaires et chercheurs ayant à s’interroger ensemble sur la manière dont les données et archives pourront être réutilisées, sans pour autant chercher à influencer les stratégies de réutilisation possibles du public qui les consultera. Pour développer cette problématique, nous partirons d’un exemple précis de traitement de fonds hybrides en cours et d’archivage d’enquêtes déjà traitées.