1ères lignes: Le capitalisme est politique, et l’a toujours été. Mais depuis la seconde moitié du xxe siècle, ainsi que pour l’essentiel de la première décennie du xxie siècle, une division de travail sociale et scientifique a largement obscurci cette qualification. Plus précisément, une séparation de plus en plus profonde et rigide entre les sciences économique et politique a largement contribué à brouiller tout à la fois le rôle de la politique dans l’économie et l’impact de cette dernière sur la politique. La science politique elle-même a été partie prenante de ce mouvement puisque, depuis les années 1980, cette discipline a, dans sa globalité, adopté de manière croissante les modèles d’analyse formalistes issus de l’économie néoclassique. Par voie de conséquence, une véritable analyse des interdépendances fondamentales des processus politique et économique qui travaillent le capitalisme contemporain a été progressivement marginalisée. La recherche consacrée à cet objet s’est trouvée minoritaire et, bien souvent, reléguée au rang d’« hétérodoxie ». Cette situation fut problématique dès son origine. Aujourd’hui, elle est tout simplement intenable. En effet, la crise financière globale que nous traversons a clairement mis au jour les limites explicatives des sciences économique et politique dominantes. De toute évidence, ni l’une ni l’autre de ces approches n’ont équipé la recherche et le monde de l’action de ressources conceptuelles à même d’anticiper un tel événement. On pourrait d’ailleurs ajouter que les outils et les méthodes privilégiés par ce courant de recherche ne parviennent même pas à expliquer rétrospectivement cette crise de manière convaincante…