Africas on one’s mind : studying appropriation in world politics from the africanization of security in Senegal
Les usages de l'Afrique : étudier l'appropriation dans l'espace mondial à partir de l'africanisation de la sécurité au Sénégal
Résumé
“African Solutions to African Problems” are put forward today by African actors as well as actors exogenous to Africa, parallel to their own interventions. The theory of extraversion as well as the theory of regime survival would a priori easily explain such contradiction. But it would be part of a broader narrative of invention of Africa, as it has been existing in International Relations literature since the 1960s. To read works produced in Africa, which is not spontaneous for scholars in Western universities, contributes to nuance these theories. As for Senegal for instance, the President has not systematically been an “omnipotent African executive” since independence. Furthermore, ideas (especially those related to Pan-Africanism) and interests are complementary to readings in terms of constraints and voluntary dependency. “African solutions” are as a matter of fact a “moment” in a longer intellectual history that grasps with Africa’s dismemberment since the slave trade and colonization. Appropriation constitutes in that regard a way to constitute a political subjectivity as well as a re-membering. The study of how the Senegalese state came into world politics through appropriation shed light on the forming of the state generally speaking, until today. The wolof expression “moom sa bopp”, that could be translated both by appropriation and independence, and that was a political rallying cry during the 1960s, is a symptom of such porosity between appropriation and independence when they are observed “from Senegal”.
Les « solutions africaines aux problèmes africains », ou « l’africanisation de la sécurité » sont aujourd’hui mises en avant aussi bien par des acteurs africains que par des acteurs extérieurs au continent et pourtant très interventionnistes. Une lecture de cette rhétorique en termes d’extraversion et de survie de régimes présidentiels africains serait a priori justifiée. Elle s’appuierait cependant sur les inventions internationalistes de l’Afrique telles qu’elles sont formulées depuis la seconde moitié des années 1960, dépassant sa simple définition géographique. Une étude décentrée de Relations Internationales nuance ces analyses, notamment pour ce qui concerne le cas du Sénégal. Par exemple, en matière de politique étrangère, le Président de la République n’y est pas systématiquement omnipotent depuis l’indépendance. Aussi, les idées (en particulier liées au panafricanisme) et les intérêts complètent les lectures en termes de contrainte ou de mise en dépendance volontaire. Les "solutions africaines" sont un moment dans une histoire intellectuelle plus longue s’interrogeant sur le démembrement du continent depuis la traite atlantique et la colonisation. L’appropriation permet ainsi la formulation d’une subjectivité politique et un remembrement. L’étude de l’entrée de l’Etat sénégalais sur la scène internationale par l’appropriation éclaire les modalités de sa propre formation jusqu’à aujourd’hui. L’expression wolof moom sa bopp qui peut se traduire par indépendance mais aussi par appropriation, et qui a été un slogan politique mobilisé dans les années 1960 est symptomatique de la porosité entre les deux concepts s’ils sont étudiés "depuis le Sénégal".
Domaines
Science politique| Origine | Version validée par le jury (STAR) |
|---|