Comprendre comment les opinions, préférences, perceptions et attitudes des citoyens se forment et évoluent est non seulement un domaine de recherche majeur de la science politique, mais aussi une problématique centrale pour l’action publique et l’analyse des politiques publiques. Ainsi, au cours du siècle passé, le recours aux sondages s’est généralisé et institutionalisé afin de mieux saisir et quantifier ces éléments. Parallèlement, l’étude approfondie des sondages comme objet a permis d’améliorer l’outil. L’analyse d’impact s’est elle aussi perfectionnée, permettant ainsi une compréhension fine des dynamiques des comportements et des attitudes. Néanmoins, ces dynamiques ne se réduisent pas à des changements dans l’attitude moyenne d’une population. Elles peuvent également se traduire par la polarisation de l’opinion par exemple, ou encore par une augmentation de l’intérêt pour un sujet donné. Dans cette étude, à travers l’analyse des changements de perception des enjeux de défense et leur évolution suite au début de la guerre en Ukraine, nous démontrons l’importance d’aller au-delà de l’analyse des moyennes et de prendre en considération l’évolution de la distribution des réponses ainsi que celle des non-réponses. Plus précisément, notre étude illustre la complémentarité et le caractère non-redondant des informations pouvant être extraites par l’analyse de l’ensemble de ces composantes.