1ères lignes : a partir des années 1970, l’inscription croissante d’un impératif de compétitivité dans les sphères publique et politique a été une conséquence importante de la conversion des économies capitalistes avancées au néolibéralisme. Sa diffusion a été favorisée en Europe et aux États-Unis par le développement économique de nombreux pays, notamment en Asie. Mais cette préoccupation doit également beaucoup à une atmosphère intellectuelle favorable dans les sciences sociales – surtout du côté de la science économique, qui a introduit ce thème en généralisant des explications au niveau « macro » à partir d’observations au niveau « micro ». Le discours sur la compétitivité a vite occupé une place centrale dans la fabrique des politiques publiques des pays dits développés (Krugman, 1994a ; Sum, 2009 ; Bellone et Chiappini, 2016). Dans ce contexte, un large éventail de nouveaux indicateurs et de mesures est ainsi apparu afin d’évaluer et de comparer la compétitivité de chaque pays. Pourtant, malgré cette présence grandissante (ou peut-être à cause d’elle), la notion elle-même n’est pas sans poser des problèmes quand elle est appliquée aux économies nationales. Et la compétitivité comme enjeu politique ne manque pas non plus de présenter à son tour certaines ambiguïtés.