Né avec la réforme Haby de 1975, le collège unique de la sixième à la troisième s’est progressivement mis en place au cours des années suivantes et constitue aujourd’hui une réalité pour la quasi-totalité des élèves après le primaire. Un accomplissement qui n’en demeure pas moins en partie formel, dans la mesure où les finalités du collège unique sont loin d’avoir été atteintes. Ainsi ce dernier se montre fort déficient pour corriger les inégalités dans les acquis des élèves – correlées dans une très large mesure avec les inégalités d’ordre social –, et d’évidents clivages distinguent les collégiens dans leurs relations aux normes sociales et au travail scolaire, tandis que le choix des filières ou la politique des établissements contrarient leur brassage et l’objectif d’un service éducatif assurant à tous une égale qualité. Certains exemples étrangers attestent le caractère non fatal des inégalités. Marie Duru-Bellat observe que les systèmes où les élèves de conditions sociales et de niveaux différents se trouvent le plus mélangés sont les plus efficaces et les plus équitables. Elle rappelle enfin les exigences économiques et démocratiques attachées à la constitution d’un socle commun de connaissances.