Ce document de travail étudie les trajectoires de pauvreté dans la France des deux premières décennies du XXIème siècle, afin d’élargir l’analyse de la pauvreté au-delà de la disqualification sociale et de l’assistance. En exploitant le volet longitudinal à neuf années de l’enquête SRCV (INSEE, 2004-2019), il montre la pertinence d’une appréhension de la pauvreté en termes de trajectoires, soit un prisme d’analyse qui a jusqu’ici été peu développé, en particulier pour le cas français. Or, cette perspective permet d’abord de relever que pas moins de 30% de la population connaît au moins un épisode de pauvreté monétaire au cours des neuf années de suivi. Elle conduit ensuite à identifier deux grands types de trajectoires : d’une part une pauvreté transitoire marquée par un bref passage dans une situation en dessous du seuil de pauvreté monétaire, et d’autre part une pauvreté chronique qui se traduit par une pauvreté plus durable et profonde. Ces deux formes de pauvreté recouvrent des déterminants différents, que l’article précise : la pauvreté chronique renvoie à des facteurs structurels, tandis que celle transitoire est liée à des évolutions conjoncturelles, en particulier la situation sur le marché de l’emploi. L’approche dynamique de la pauvreté est donc indispensable pour montrer comment cette dernière recouvre des trajectoires et des profils très différents, pour en donner des ordres de grandeur quantifiés, et pour mieux comprendre la pluralité des expériences de pauvreté.