Des vents contraires soufflent sur le commerce international depuis le milieu des années 2010. Citons, pêle-mêle, la baisse de la croissance des échanges par rapport à la période 1990-2008 ou celle, depuis 2017, du nombre de signatures de grands accords commerciaux régionaux ; le retrait des États-Unis de quelques traités de libre-échange sous Donald Trump et le maintien de mesures protectionnistes par son successeur libéral, Joe Biden ; la défense acharnée de ce type de traités (TPP, RCEP) par les gouvernements asiatiques, Chine en tête – entraînant pour partie l’Afrique dans l’aventure (ZLECA) ; et l’arrêt temporaire des accords commerciaux envisagés par l’Union européenne avec le Mercosur, les États-Unis (TAFTA) ou le Canada (CETA). En France, on a vu un Xavier Bertrand et un Arnaud Montebourg s’unir dans leur critique de la mondialisation – au point que certains médias (Libération, Le Monde) y décèlent un potentiel « arc souverainiste ». Comment interpréter ces tendances contradictoires, et que faut-il en retenir politiquement ? L’observateur instruit par l’histoire restera prudent. Les débats sur le libre-échange – entre mercantilistes, libéraux et socialistes, et au sein de chaque courant politique – sont aussi vieux que le capitalisme. On sait aussi que, derrière les postures officielles, les plus farouches partisans du libre-échange pratiquent eux-mêmes un protectionnisme parfois très poussé, et vice versa. [Premier paragraphe]