Culture politique et opinions : les limites de l’adhésion à la « démocratie »
Résumé
Renvoi expéditif d’un chef d’État, investiture présidentielle non autorisée par la Constitution, scrutin peu transparent, violence aux motifs politiques : si certains évènements de l’année 2012 ont mis la démocratie à rude épreuve en Amérique latine, ils ont eu le mérite d’offrir aux sondeurs d’excellents prétextes pour prendre le pouls de la population. En effet, si l’on s’intéresse à l’évolution parfois préoccupante de la démocratie et des attentes des citoyens envers celle-ci, il semble toujours pertinent de mesurer le soutien aux régimes qui ont émergé suite à la chute de gouvernements autoritaires. Chaque année, les rapports des grandes enquêtes internationales, tel le Latinobarómetro, donnent d’ailleurs beaucoup d’importance à l’adhésion des citoyens à la démocratie et aux variations de celle-ci dans le temps et dans l’espace.
Bien que l’intérêt à l’endroit de l’adhésion à la « démocratie » suscite de nombreuses réflexions chez les chercheurs, étudiants et journalistes et, par le fait même, qu’elle contribue à la diffusion des travaux des grandes enquêtes, sa mesure pose pourtant problème. Tout d’abord, il est hasardeux de comparer des opinions politiques recueillies à l’aide de questions de sondages dont les termes revêtent une signification différente d’une personne à une autre, d’un endroit à un autre et d’un moment à un autre. Ensuite, les conclusions sur le degré d’adhésion des citoyens à la « démocratie » sont souvent tirées trop rapidement, ignorant les appels de la science politique à décortiquer la notion même de soutien et à opérer à différents niveaux d’analyse plutôt que d’en faire un objet monolithique...
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