Nous proposons une lecture de l’évolution de l’intervention publique fiscale et budgétaire compatible avec un cadre d’analyse keynésien. Dans cette perspective, nous reconstituons des séries longues de comptabilité nationale et construisons deux indicateurs en substitution au taux de prélèvements obligatoires et au ratio usuel de la dépense publique agrégée sur le produit intérieur, afin d’approcher les notions d’effort budgétaire/fiscal pour l’ensemble des pays de la zone euro. Le premier indicateur porte sur la détermination de la part de la demande intérieure publique, dans le PIB, correspondant à la demande finale de biens et services adressée aux entreprises, déclinée par sous-secteurs institutionnels et catégories de produits tandis que le second mesure l’évolution de la part du revenu des ménages et des entreprises - majoré des subventions et transferts lato sensu - prélevée par les administrations. L’idée finale sous-jacente réside dans la possibilité d’appréhender de manière alternative les politiques de dévaluation interne menées au sein de la zone euro. En union monétaire, ces politiques se manifestent en partie sous la forme de dévaluations fiscales, engageant dès lors l’intégralité du budget gouvernemental. En effet, l’ajustement par le biais des budgets publics ne consiste pas uniquement à freiner ou diminuer les prélèvements nets sur les entreprises mais affecte en retour et de manière simultanée ceux opérés sur les ménages ainsi que la modulation et la composition des dépenses et du déficit publics.