L'étude vise à mesurer la féminisation de la population universitaire sur une période longue, depuis la réforme de 1984, dans un contexte de recomposition du paysage disciplinaire, étudié ici selon le sexe et le corps d'appartenance des enseignants. Les femmes demeurent sous-représentées à la fois dans le corps des professeurs des universités et dans les disciplines "scientifiques" du CNU. Plusieurs questions sont abordées dans l'étude : l’évolution de la population universitaire a-t-elle été continue ? Quelle fut l’intensité de sa féminisation ? Quel est le lien entre la croissance démographique et la féminisation ? Observe-t-on des divergences selon le corps et la discipline ? Le rapport maîtresses de conférences/professeures s’est-il modifié ? Existe-t-il des spécificités disciplinaires ? L’analyse de l’évolution des effectifs universitaires, de la proportion de femmes, de la proportion de professeurs des universités, ainsi que la construction d’un indicateur comparant la situation des femmes à celles des hommes quant à la répartition dans les deux corps universitaires, permettent de répondre à ces questions. Le périmètre de l’étude est celui des universitaires dont le statut est régi par le décret n° 84-431 du 6 juin 1984. Elle laisse de côté le corps des assistants, qui ne requérait pas la détention d'une thèse. Elle écarte aussi les hospitalo-universitaires et les universitaires mono-appartenant de la santé, essentiellement des pharmaciens, dont les particularités justifient une analyse distincte. Enfin les sections 72 (Épistémologie), 73 (Cultures et langues régionales), 76 (Théologie catholique) et 77 (Théologie protestante) sont également écartées en raison de la faiblesse de leurs effectifs, les indicateurs statistiques les concernant manquant de robustesse. Les analyses transversales couvrent la période 1985-2020 pour 52 sections du CNU réparties en 3 grandes disciplines (Droit-Économie-Gestion, Sciences-Techniques, Lettres-Sciences humaines) et 11 groupes disciplinaires. Notre base de données compte 21 000 universitaires en 1985, 47 000 en 2014 (année où l’effectif atteint son maximum) et 46 000 en 2020.