Le 13 octobre dernier, SpaceX, le programme spatial d’Elon Musk, parvenait à réaliser un exploit technologique : la récupération du premier étage de sa fusée Starship par la tour de lancement. Cette prouesse souligne parallèlement le retard pris par l’Europe dans un domaine pourtant particulièrement stratégique. De même, si SpaceX a réalisé 97 lancements de fusée en 2023, son équivalent européen prévoit seulement de 9 à 11 vols d’Ariane 6 par an, à partir de 2027. Consciente de l’importance de rester un acteur majeur de la conquête spatiale, la France a placé cet enjeu au cœur de sa stratégie militaire. En 2020, l’Armée de l’air est ainsi devenue l’Armée de l’air et de l’espace, afin de renforcer les connaissances et capacités spatiales du pays, d’assurer la protection de ses satellites, de parvenir à l’autonomie stratégique. L’Observatoire a souhaité explorer cette thématique en interrogeant ses enjeux religieux. Le lien entre espace et religion peut surprendre. Et pourtant. En juin 2023, le Vatican lançait dans l’espace son premier satellite – grâce à une fusée SpaceX – contenant une prière et doté d’un signal radio diffusant des « messages d’espérance » pour une durée de six à douze mois. Au début des années 2000, c’est un Dominicain, Jacques Arnoult, qui fut recruté par le CNES en tant que chargé des questions éthiques. Celui-ci l’explique, « l’espace n’a jamais cessé de fournir ce que le ciel a toujours été pour l’humanité : un miroir, une occasion de prendre de la distance, de réfléchir “à partir du point de vue de Sirius”, pour mieux appréhender, parfois critiquer et modifier nos existences sur Terre[1] ». S’il rappelle que l’éthique constitue aujourd’hui l’un des enjeux centraux de la science, il souligne également l’éclairage que peuvent/doivent apporter les religions dans ce débat. Le dossier thématique de ce nouvel opus vise à approfondir ce lien entre espace et religion. L’article rédigé par Béatrice Hainaut (Inserm) interroge plus particulièrement la relation entre islam et espace, à travers les rites exercés par les astronautes, la présentation de la conquête spatiale comme un nouvel âge d’or, la possibilité, selon les textes, d’explorer cet univers. La deuxième analyse, proposée par Andreas Losch (Université de Bern), porte sur le lien entre espace et religion, au fil des siècles, de Galilée à la théorie du Big Bang, tout en évoquant les questions de vie extra-terrestre. Le dernier article, rédigé par Roger R. Launius (ancien responsable du département d’histoire de la NASA) souligne la spiritualité et la religiosité que peut revêtir la conquête de l’espace pour nombre d’individus. L’Éclairage(S) de ce bulletin est proposé par Andrew S. Aguilar (CERI). Il expose une étude comparative des politiques d’intégration de la France et du Royaume Uni. Il montre notamment l’évolution des stratégies de prévention, qui visent principalement à éviter toute radicalisation. Enfin, Kathy Rousselet (CERI) revient dans la Ressource(S) sur la loi adoptée le 20 août dernier par le parlement ukrainien, législation qui permet la dissolution des « organisations religieuses affiliées à des centres d’influence dont la direction est située dans un pays qui mène une agression armée contre l’Ukraine ». L’article permet une mise en perspective historique tout à fait éclairante des enjeux de cette législation, tout en soulignant les modalités et difficultés de son application.