La mémoire inapaisée du 11 septembre 1973 au Chili : décalages et crispations quarante ans après le coup d’Etat - Sciences Po Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Les Études du CERI Année : 2013

La mémoire inapaisée du 11 septembre 1973 au Chili : décalages et crispations quarante ans après le coup d’Etat

Résumé

Hors du Chili, le général Pinochet est l’incarnation même du dictateur sud-américain. Les photos célèbres où il pose avec uniforme, cape et lunettes noires en font un symbole universel du mal, une image unanimement négative et ancrée dans le passé. Au Chili, les défenseurs de Pinochet ne sont plus qu’une minorité, certes fervente et très active, mais heureusement en voie d’extinction. La mémoire de la dictature en général est en revanche une question pleinement d’actualité, et demeure un objet de lutte. En 2013, la commémoration du coup d’Etat mettant fin à l’expérience de l’Unité populaire (UP) de Salvador Allende a été l’occasion de raviver des conflits relatifs aux événements du 11 septembre 1973, et aux dix-sept années qui ont suivi. Les diverses manifestations autour de cette commémoration sont riches d’enseignement sur le Chili d’aujourd’hui. Hasard du calendrier, ce quarantenaire est célébré sous un gouvernement de droite et en pleine campagne électorale, renforçant le caractère polémique des déclarations des uns et des autres. Cependant, les luttes symboliques qui font rage dans l’espace politique ne reflètent pas l’opinion publique chilienne sur le sujet. On observe en effet un décalage entre la crispation des élites sur le passé et l’ouverture de la société civile, plus encline à reconnaître les crimes de cette époque et les responsabilités des uns et des autres. Pour rendre compte de cette situation, nous examinerons d’abord la théorie trompeuse du « match nul » (empate) qui structure le débat au sein de la classe politique, et son écho très limité dans l’opinion. Puis nous traiterons des polémiques qui ont émaillé les préparatifs des commémorations, jusqu’à l’organisation de cérémonies distinctes par les deux grandes coalitions politiques. Notre analyse nous portera à conclure que la crispation de la droite sur ces questions s’explique par la réactivation du traumatisme de l’UP, c’est-à-dire la crainte, ravivée par les récentes manifestations, d’une remise en cause profonde du modèle économique et social chilien hérité de la dictature.
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  • HAL Id : hal-04525064 , version 1

Citer

Antoine Maillet-Duclairon. La mémoire inapaisée du 11 septembre 1973 au Chili : décalages et crispations quarante ans après le coup d’Etat. Les Études du CERI, 2013, n° 198-199. ⟨hal-04525064⟩

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