« L’insoutenable légèreté de l’être » aurait pu être le titre de ces récits de prison, ou un exergue, à l’instar de ceux par lesquels Fariba Adelkhah introduit ses textes et qui sont tous tirés de la littérature, et particulièrement de la poésie. Au sortir de leur lecture, on ne peut qu’être frappé par la profondeur de ce qui est dit, les pesanteurs sociales décrites, parfois le pathétique des situations malgré l’apparente futilité des moments évoqués mais surtout malgré la légèreté du ton de la narration. Kundera est l’un des auteurs fétiches de Fariba Adelkhah et inspire, consciemment ou non, je ne sais, tous ces haïkus. Ces derniers ne retracent pas son expérience personnelle de l’enfermement. Ils poursuivent le travail de recherche qu’elle mène depuis plus de trente ans, un travail qui donne à voir la vie quotidienne et les transformations de la société iranienne et qui permet de comprendre l’exercice autoritaire du pouvoir. Evin apparaît comme un terrain presque comme un autre. Un terrain qu’elle n’a certes pas choisi mais qu’elle fait sien de la même manière.